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Episode #14 – Tatiana

Je ne pouvais pas intituler la deuxième saison de mon podcast Connexion et identités et ne parler que des identités dont on parle tout le temps. Elles nous dominent, nous gouvernent, font la pluie et le beau temps médiatique, ont fait l’histoire. Je parle des identités binaires masculines, féminines, hétérosexuelle, blanches, binaires. Moi, je suis tout ce qu’il y a de plus majoritaire, je suis une femme blanche, cis-genre, hétérosexuelle.

Mon podcast représente majoritairement des gens comme moi, explore les habitudes de ces gens là, sur ces applications là. Mais je ne peux faire un podcast qui traite des identités sans parler de non-binarité. 

Qu’est-ce que la non binarité ?

« Cela serait déjà rompre avec l’ordre des genres, c’est-à-dire refuser de s’inscrire en tant qu’homme ou en tant que femme, avec évidemment toutes les choses qui vont avec derrière. C’est le refus de l’inscription dans un genre, avec entre guillemets le refus de tous les rôles inhérents au genre attribué. Au genre “homme” va correspondre tout un tas de choses, au genre “femme”, tout un tas d’autres, dont des oppressions de genre notamment. » *

Karine Espineira sociologue et membre associée du Laboratoire d’études de genre et de sexualité à l’Université de Paris 8

En d’autres termes, on peut avoir été assigné.e à un genre à sa naissance et grandir en ne se reconnaissant pas dans les caractéristiques de ce genre. On peut changer de sexe dans ce processus… ou pas. On peut aussi changer de sexe, être transgenre et se sentir homme / femme cis-genre. Et les stéréotypes de genre ont la vie dure, de partout.

« Ces stéréotypes existent aussi dans le mode relationnel trans. Si tu n’as pas la chance d’être une femme extrêmement féminine, tu auras du mal à trouver un homme sur une application. »

Tatiana @homoswipiens

A quel point la société, ses valeurs, ses catégorisations simplistes, son organisation nous autorise à nous définir comme on le souhaite ?

Tatiana est une femme transgenre

Elle nous parle de son secret, celui qu’elle m’a un jour confiée : elle ne serait pas qui elle prétend être. Elle serait une femme que l’on aurait à sa naissance assigné au sexe masculin. Et la véritable question est : qui devient-on, qui choisit-on de devenir et surtout a t-on le choix de le devenir ? L’identification de soi-même à un sexe biologique, l’achèvement de cette identité à la fin de la puberté, est une réduction. On ne naît pas femme, homme, queer, on ne naît pas « soi », on le devient.

Que se passe-t-il en soi lorsqu’on ne se sent pas en accord avec cette assignation ? Est-on étrange ? Car l’étrangeté à elle-même, Tatiana la ressent encore parfois, honteuse d’avoir modifié ce corps qui lui a été donné. Ainsi, sur les applications ou dans la vie, elle se représente tantôt comme une femme-cis genre tantôt comme une femme transgenre.

« On peut être transphobe envers soi-même parce que la société nous a inoculé la haine de soi. Il est très difficile de s’assumer, de se mettre devant un miroir est de se dire la vérité. Je pensais pouvoir faire ce travail plus tôt mais en avançant je me rends compte que c’est un terrain aride. »

Tatiana @homoswipiens

L’expérience de l’altérité en ligne, hors ligne

Dans cet épisode elle nous parle de la difficulté à être elle-même en ligne et hors ligne. Dans une société qui nous assigne à la naissance et tout au long de notre vie un rôle à jouer et un genre auquel ressembler, il est parfois impossible de s’identifier.

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Qu’est-ce que la non-binarité ? Entretien avec la sociologue Karine Espineira, Les Inrockuptibles, 8 juillet 20218.

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