Lorsque j’ai décidé de créer le podcast HomoSwipiens, je voulais surtout essayer de comprendre les conséquences du marketing de soi transposé aux choses de l’impalpable, du transcendant, du désir.
La fétichisation des corps : un phénomène accentué par la digitalisation des relations amoureuses et sexuelles
Comment se voit-on, pourquoi décide-t-on de choisir cette photo plutôt qu’une autre, de swiper des profils inanimés correspondant pourtant à des critères que l’on s’impose. Les sites puis les applications de rencontres ont été une révolution à beaucoup d’égards, elles nous permettent de rencontrer des personnes en dehors de notre zone de confort, de faire tomber les frontières physiques, de créer des espaces au-delà des espaces géographiques. Mais en nous amenant à nous “vendre”, à nous afficher en photo, à nous mettre en rayon, elles contribuent très fortement à une fétichisation à outrance, à la réduction de notre êtres complexes et vivants à des corps inanimés, à des stéréotypes, à des objets.
Pour ce dixième épisode et ceux à venir, j’aimerais rentrer plus en profondeur dans ces problématiques sociétales, culturelles dont les applications sont des symptômes.
Louisa, 40 ans, créatrice du podcast Single Jungle, dédié à la problématique du célibat dans nos sociétés, ouvre le bal.
Louisa, ronde et racisée
Dans une société en perte de repères, le couple et la famille restent un gage de stabilité et une norme à laquelle tout un chacun doit tendre. Ainsi quand on est une femme célibataire à 40 ans, on se questionne nécessairement sur sa place dans la société.
Elle a donc décidé de créer le podcast Single Jungle dédié aux célibataires, à leurs expériences de l’amour, de la sexualité, de la solitude et de leurs réactions faces aux injonctions.
Dans ce nouvel épisode d’Homo Swipiens, elle nous parle de son célibat qui l’a amenée à utiliser les applications de rencontres, et de son expériences vis-à-vis de celles-ci. Elle y aura expérimenté la grossophobie et le racisme et nous raconte ce que c’est que de faire perpétuellement face à la fétichisation de son être dans le monde virtuel du dating.
Louisa à propos des grossophobes :
C’est des gens qui n’ont pas beaucoup de recul sur eux-mêmes. […] Les journaux, les séries, les films, tout ce qu’ils ont pu voir depuis qu’ils sont petits faisait l’apologie de la minceur. Toujours. Et les rares personnes rondes qu’ils ont pu voir étaient souvent associées à de la laideur, de la méchanceté, à la sorcière ou c’est une tante malade.
Louisa @homoswipiens
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Références
Citées par Louisa
- L’Amour sous Algorithmes, Judith Duportail, Goutte D’or, 2019;
- Sex Friends, Richard Mémeteau, Zones, 2019;
- « Comment Instagram est devenu le terrain de jeu idéal pour pécho« , Jennifer Padjemi, Août 2018, Glamourparis.com.
Citées par Anissa
- « L’Autre », Textes pour un poème 1949-1970, Andrée Chedid, Paris, Flammarion, 1987;
- « Je vous aime avec excès, folie, transport et désespoir »,Julie de Lespinasse, Bruxelles, André Versaille édteiur, 2009.